21 février 06

Femmes encore.

Je voulais rajouter un petit addendum à mon billet précédent. Heureusement que Kozlika me facilite largement la tâche : tous ses arguments sont excellents. Je vais juste en mettre en avant deux, parce qu’ils disent mes pensées mieux que je saurais le faire, moi.

Primo, donc :

Le visage humain
[...] Un truc à visage humain pour moi c’est quelque chose qui fait référence à des relations humaines : un sourire, un regard, des mains qui se touchent, que sais-je encore enfin autre chose qu’un corps parfait mais désincarné, effet accentué par le fait qu’on ne voit pas le visage du le mannequin (ce que je comprends très bien puisqu’elle exerce un métier fort différent que celui de modèle de pub).

Tout est dit.

Deuxio :

La nudité n’est pas choquante, le désir non plus, ni l’érotisme. Ces affiches ne sont pas choquantes le moins du monde ; elles m’agacent ou me foutent en rogne selon mon humeur du jour, en tant que campagne publicitaire : dans l’absolu elles sont plutôt très jolies même. Non, elles ne me choquent pas elles me déplaisent, exactement comme le feraient des affiches présentant un Africain tendant une tasse de chocolat estampillée Firefox, à la manière des pubs Banania ou un Corse avec un poil dans une main, l’autre posant une bombe-logo dans Internet Explorer.

Vous vous rappelez les pubs de Benetton ? Enfants du tiers-monde en mauvais état et oiseaux qui se meurent dans des nappes de fioul ? Justement, de magnifiques photos. Mais leur exploitation me faisait gerber et je n’ai plus rien acheté chez eux depuis.

Si les chantres du logiciel libre ne réfléchissent pas à leurs pratiques commerciales et à leur démarcation du propriétaire, ce serait une occasion manquée. J’ai toujours trouvé la qualité graphique des visuels (récente chez beaucoup de projets libres) et l’humour mignon de meilleurs appuis publicitaires. Le pingouin post-coïtalprandial, par exemple.

Ensuite, Swâmi Petaramesh, qui autrement se retire du débat (comme quoi, dire « Strumpfbandhalter » sur son blog est presque aussi efficace que dire « pénis » face à une classe de collégiens surexcités), trouve qu’il y a une contradiction chez moi : d’une côté je vante les attraits des chevilles sculptées, d’un autre côté je trouve préoccupant une fille de six ans qui se prive de beurre « pour ne pas grossir ». Et justement, non. Aucune contradiction. Bien entendu que l’apprentissage précoce de bonnes habitudes alimentaires est à encourager. Mais la beauté des femmes (et des hommes) peut se décliner à des tailles de vêtements très différentes. Si nos chemins se sont croisés, il sait que j’ai toujours été au moins enrobée, sinon grosse. Néanmoins, pas grand-chose à redire à mes chevilles, et oui, il y a des parties de mon corps que j’aime bien et pour lesquelles j’ai reçu des compliments. Même si elles sont hors-normes, selon la définition des images publicitaires.

Dernier point : Je n’ai pas la solution à la sous-représentation des femmes dans l’informatique.

Je me rappelle une conversation, avec Veuve Tarquine, je crois, sur les blogosphères des différents pays. Elle trouvait que le pseudo-problème « où sont les blogueuses » qui pendant un bref laps de temps faisait jaser les blogs politiques américains de gauche n’existait pas dans le cyberespace francophone. Et ensuite, il y avait l’invitation du ministre de la culture à des blogueurs pour discuter la loi DADVSI. En voici la photo. Rien qui vous interpelle ? Bon, me disais-je, peut-être en l’espèce il n’y avait aucune femme qui ait pris position sur son blog là-dessus. Mais quand M. Sarkozy invitait des blogueurs à son discours de vœux, j’ai eu beau parcourir les listes, j’en ai trouvé qu’une seule référence à une blogueuse. J’ai failli souffler quand j’ai vu le nom de « Koz », mais c’était ... toujours et pas ...lika . Quoi en penser ?

[Appris au vérificateur d’orthographe : fioul, blogosphères.]

 

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20 février 06

The browser, the geek and the garter belt.

So we’re having a honest-to-god sexism spat in the French geekosphere. It’s all about “Femfox”, an unofficial advertising campaign for the Firefox browser, launched by an amateur model, a photographer and an IT guy. All glamour shots, the kind people in France are used to seeing in underwear ads.

The real brouhaha started only when Tristan Nitot, the president of Mozilla Europe, posted an “oh wow” (personal) endorsement of the campaign while at the same time, rather passive-aggressively, trying to pre-empt criticism by ridiculing the feminists he knew would object. He also implied that criticising the use of pictures of a nude and sexy woman to promote Firefox would amount to endorsing the current madness over the Mahomet cartoons. (You will find links to the Femfox site & photographs inside Tristan’s post.)

Let’s be clear, Firefox is and remains my browser of choice, and Tristan and Mozilla Europe have done and are doing impressive work that benefits the public at large. Still, the can of worms titled “women and free software” has been opened, and personally I find this invigorating and salutary.

It might seem strange that this is happening now, when we all have just been through a united call to arms for the right of a blogger to post pictures of lightly clad men. Indeed, I don’t believe that the issue is about the pictures at all, or even the garter belt, stockings, lacy knickers and heels. I know what kind of physical attributes I’m attracted to—though the physical component is but a small part of attraction—and am able to recognise and appreciate eroticism. I like erotic pictures and have written erotic stories and poems myself1.

No, to me, the problem is laid out along an entirely different axis. It’s about making a particular type of heterosexual male gaze directed towards conventionally attractive female attributes the norm, via using it, and the object of the attention, to incite people to do something entirely unrelated to eroticism and female bodies: use a particular web browser. The relationship between the viewer and the image loses its intimacy when the photographs (and the lecherous slogans that go with them) become a means to an end and play into the all too well-known stereotypes of the woman as seductress, sexual object or, at best, eye-candy.

And then there’s the body-image angle. Yves, as far as I can tell the only straight man on the anti-side, reports that his six year old daughter recently declared she’d give up butter on her bread “because it makes you fat”. Where might she and her playground comrades have picked up the idea? Here for example.

What’s I hope salutary about this spat is that it throws wide open the question of sexism in the largely male geek world. There has been a precedent—what to think of a young woman, one of far too few, auctioning off her T-shirt to the cheers of the male geek crowd for a fund-raiser during the recent Solutions Linux trade fair? Kozlika rightly grumbled then, under the title “If [we are supposed to promote free software] with the same weapons [mainstream marketing uses]—no, thanks”. Now, she tackles the thankless but salutary task of reformatting the talking points every feminist is familiar with for the consumption of the unenlightened male geek: no, feminists aren’t humourless, frigid, castrating crones; no, the model being more than consenting is absolutely immaterial (feminists aren’t supposed to disagree with women? huh, what an idiotic idea); and calling criticism of the ad campaign “the strait-jacket of all-crushing political correctness” is a ridiculously over-the-top attack, given what the power relations and dominant imagery really are.

I wonder if we should thank the Femfox team to have provided this opportunity for debate. Well, okay, rather not.

Notes:

1 Though the photos in question aren’t what I’d call a particularly positive example of the genre. They are amateurish, run-of-the-mill shots focussing on decontextualised body parts. As for me, the face (and the smile) is a major part of connecting to the image.

 

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19 février 06

Pub et corps des femmes.

J’ai même consulté deux dictionnaires pour m’assurer qu’on parle bien du même objet—du Strumpfbandhalter ou garter belt : non, un porte-jarretelles, je n’en porte pas. Mais ma première amante faisait ça très bien, de préférence assorti à un costume d’homme. L’effet que cela faisait avec ses boucles blondes, je n’en parle pas. Oui, je tombe en admiration devant des chevilles sculptées et et des mains élégantes vêtues de gants noirs en dentelle me font frémir.

Et tout cela n’a rien, mais absolument rien à voir avec mon accord total avec Kozlika (et de deux), Samantdi et tant d’autres sur l’envahissement de la pub pour les logiciels libres par le modèle peau-fesses-seins-nus (ou glamour, comme ils disent).

En fait, ce n’est pas en premier lieu l’existence de la campagne Femfox qui me gêne, mais le ton de Tristan Nitot (et compagnie) : saliver de la moitié de la bouche, faire de la défense préventive de l’autre. Du vrai passive-aggressive, quoi.

Car pourquoi intituler son billet « Féministes de tous les pays, tombez moi dessus ! », pourquoi rapprocher, à demi-mot, celles et ceux qui risquent faire la gueule de ceux qui s’en prennent aux dessin de Mahomet ?

Bon, il ne faut surtout pas louper le deuxième billet de Kozlika : c’est le résumé, pour geeks légèrement attardés, de contre-arguments maintes fois répétés. Merci.

(Répondant à « la modèle n’est pas seulement consentante, mais même à l’origine de la campagne »—en tant que féministe, je n’aurais donc pas le droit d’être en désaccord avec une femme ? Drôle d’argument…)

Les femmes dans le monde du logiciel libre, vaste sujet. Moi aussi, j’étais au salon Solution Linux, le dernier jour, en fait, et j’ai pu observer le manque d’élément féminin, et ensuite la jeune femme courir les allées pour inciter Mrs les geeks à assister à la vente aux enchères de son T-shirt. Je me suis tiré de là avant l’événement, avec un léger sentiment qu’après tout, là aussi, en tant que femme/féministe je resterai toujours à l’écart, réléguée à une place aux marges.

Se sentant marginalisés dans un monde qui pue les logiciels propriétaires aux pratiques commerciales de plus en plus contestables, œuvrant pour l’accès de tous à l’informatique et au bidouillage, les geeks du libre répètent, il paraît, les erreurs de tant de mouvements du passé : celles des étudiants (hommes) soixante-huitards, qui discutèrent de l’état du monde tout en trouvant normal que leurs camarades (femmes) s’occuperaient des sandwichs et de la soupe (et seraient disponibles à la pratique de l’amour libre) ; celles de certains noirs américains homophobes1 ; celles des féministes du milieu du dernier siècle, dont l’image de la femme opprimée était celle d’une blanche instruite de classe moyenne.

En guise de conclusion, citons Yves sur TICEblog :

«Papa, je mange plus de beurre sur le pain, ça fait grossir!» C’est de ma fille de 6 ans, et ça sort tout droit de la cour de récré. À six ans elle se fout encore du regard des mecs. C’est une pression sociale. Et ta fille, Tristan, elle en pense quoi du beurre sur le pain au petit déjeuner?

Tant que les leaders du monde geek participent à ce genre de conneries, le monde des geeks participera à l’inégalité hommes-femmes. Aussi ouverts et non-discrimintoires qu’ils soient individuellement.

[Le vérificateur d’orthographe veut changer Strumpfbandhalter en qu’asphalterions, garter en garer et glamour en l’amour.]

Notes :

1 Pour être tout à fait claire : ce n’est pas que les noirs seraient plus homophobes que d’autres. Je parle de mouvements antiracistes qui, pour certains (pas tous), ont du mal à admettre que le combat des pédés et des gouines s’apparente au leur. Mot-clé de recherche à ce sujet: Coretta Scott King.

 

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18 février 06

Aujourd'hui.

carte visite de la Crêperie bretonne, 56 rue du Montparnasse, Paris

Très bonne crêperie, dans une rue qui en compte une douzaine. J’ai pris la crêpe au sarrasin avec du beurre d’escargot dessus et des tomates et du (bon !) fromage à l’intérieur. Michel, en revanche, ne pouvait pas se retenir de s’approcher de sa Corse natale en choisissant « l’Auvergnate ». Pour le dessert, les confitures artisanales et la crème d’oranges sont toutes à recommander.

Mais plus que de la bouffe, le plaisir vient de la compagnie et la conversation.

[Appris au vérificateur d’orthographe : bretonne (euh…) et Montparnasse.]

 

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17 février 06

Entre-temps en Italie.

Le Monde : Pour la Cour de cassation italienne, un viol est moins grave si la victime n’est pas vierge.

La Cour avait été saisi par l’auteur du viol, un ancien drogué âgé de 41 ans. Il avait été condamné en novembre 2024 à une peine de trois ans et quatre mois de réclusion pour avoir forcé, sous la menace de violences, la fille de sa compagne, âgée de 14 ans, à un rapport oral. En 2024, il avait demandé une réduction de peine, qui lui avait été refusée par la cour d’appel au motif que “la nature non-naturelle du rapport sexuel” allait empêcher “le développement harmonieux de la vie sexuelle de la victime”. C’est cette décision que le violeur a attaquée devant la Cour suprême, arguant que la jeune fille avait déjà eu des rapports sexuels avec d’autres hommes avant le viol.
Les juges de la Cour suprême lui ont donné raison, estimant que “les dommages causés par la violence sexuelle sont moins graves si la victime a déjà eu des rapports sexuels avec d’autres hommes avant sa rencontre avec le violeur”, et que le violeur pouvait donc bénéficier d’une circonstance atténuante.

J’espère que « la nature non-naturelle » signifie le caractère violent du rapport sexuel, et non le fait qu’il ait été oral.

 

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17 février 06

People at work.

I’ll just repeat after SuwAmazing pictures.

 

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13 février 06

Citation du jour.

Le blogueur n’a plus aucune activité sexuelle, même manuelle. Plus le temps, plus l’envie. Sa libido c’est bloguido. Son orgasme, le compteur de visites. Le blog, c’est une maison de passe. Faire l’amour, c’est entrer un commentaire, sortir un post.

La blogueuse, en revanche… euh, non, n’en parlons plutôt pas.

Piquée de la fin de ce que doit être le billet de la Saint Valentin du professeur Jean Véronis. En fait, c’est une citation chez lui, aussi. L’original est ici.

 

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13 février 06

Une décharge de chevrotine à la figure, c'est pas aussi grave que ça...

Cela arrive de temps en temps, même aux chasseurs très sûrs. Je m’en suis déjà pris des bonnes aussi.

Dixit, grosso modo, Mme Katherine Armstrong, sur les terrains de laquelle son « ami de longue date », Dick Cheney, a tiré , samedi dernier, sur un compagnon de chasse. L’incident a été gardé sous silence pendant 24 heures.

Le récit donne à penser à une erreur élémentaire :

The men were part of a quail hunting expedition at the Armstrong Ranch in south Texas.
Ranch owner Katharine Armstrong said Mr Cheney had turned round to shoot at a bird, unaware that Mr Whittington was behind him. He sprayed Mr Whittington with shotgun pellets.

(Note : quail = caille.) Mais que sais-je de la chasse…

 

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9 février 06

Risotto thaïlandais à la Dangereuse trilingue.

Recette :

  • 3/4 tasse de riz complet thaïlandais (1,20 € le kg chez Supermarket Paris Store)
  • 1 grosse échalote (ou 1 petit oignon)
  • 1 petite cuillerée à café de pâte de curry vert
  • 2 cuillerées à café de crème de noix de coco (0,57 € les 200g chez Supermarket Paris Store)
  • un peu d’huile
  • sel
  • eau

Éplucher l’échalote, couper grossièrement en rondelles. Faire revenir dans un peu d’huile pendant 5 minutes. Laver le riz, juste une fois, et ajouter. Remuer jusqu’à ce que les grains deviennent légèrement translucides. Ajouter 1,5 tasses d’eau. Saler très légèrement. Ajouter la pâte de curry (pas trop !) et la crème de noix de coco. Faire bouillir au feu vif pendant 5 min. Réduire le feu au minimum. Temps de cuisson complet : 20min à peu près. (Vérifier l’état du riz vers la fin et rajouter de l’eau si nécessaire. Le riz complet prend quelques minutes de plus par rapport au riz blanc.)

Variantes : ajouter quelques oignons verts, de l’ail, des amandes hachées, des raisins secs… selon votre imagination. Bien sûr qu’on peut utiliser d’autres présentations de lait de coco (en canette, par exemple) ; adaptez simplement la quantité.

Cela a un goût délicieux de noix de coco et épicé et se mange très bien avec des légumes cuites à l’eau (brocoli, par exemple). Idéal pour les blogueuses impécunieuses, l’ingrédient le plus cher étant l’échalote.

 

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8 février 06

Les problèmes des Bahamas.

Le système scolaire aux Bahamas (devise nationale : Forward, Upward, Onward Together) va mal. Résultats chroniquement médiocres. À qui la faute—taille des classes trop grande ? manque d’équipements ? problèmes sociaux ? formation des profs insuffisante ?

Non, la raison de cette situation lamentable, paraît-il, est tout autre : l’institution éducative, des rangs ministériels jusqu’aux enseignants, serait infiltrée par des lesbiennes prosélytes ; ce serait la pratique du lesbianisme rampante parmi les élèves qui aurait fait dégringoler les résultats aux examens.

Voici ce qu’en dit le journal The Freeport News

Rumours have long been in circulation about lesbianism becoming a growing problem not only in schools in Grand Bahama, but in New Providence as well. Gauging just how pervasive it is in our schools, of course, has always been difficult because gay women do not physically exhibit the characteristics which make it easy to determine that a man is homosexual. [...]
As a moral issue, being classified as a homosexual is no longer as detestable as it used to be in The Bahamas, and indeed worldwide. [...]
But although there no longer seems to be a stigma attached to being a sissy – the more popular word used in The Bahamas for gay men – it is totally, totally, totally wrong for students in our schools to be ensnared and encouraged into this lifestyle by those entrusted to teach them and mould their characters.

Il y a du pain sur la planche.

En revanche, j’admire la qualité du gaydar bahaméen, même s’il doit avoir un bogue.

Via Pandagon.

[Appris au vérificateur d’orthographe : bahaméen.]

 

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