Un proviseur homo revoqué 2 : Libé encore.
Reprenons, donc. Suite à mon dernier billet (et les courriel à l’éditeur), Johan Hufnagel, rédacteur en chef de libé.fr, m’a répondu, ce qui était gentil. J’ai apprécié. Libé publie une précision dans laquelle ils admettent « une erreur d’interprétation », ce qui est suffisamment rare pour qu’on les salue et leur dise merci. Ils donnent aussi la parole à Garfieldd. Je ne sais pas ce qui est dans le journal papier et ce qui reste sur le site web (ça doit être ça, le bimédia), mais c’est très bien.
L’article a été remanié et porte maintenant la signature du journaliste (Christophe Alix). Cette dernière mouture est bien meilleure, à l’exception du titre («Un proviseur révoqué pour un blog olé olé») : si le blog de Garfieldd peut être qualifié d’olé olé, alors la plupart de nous sommes des pornographes en puissance.
De mon côté, j’admets qu’en les accusant d’avoir « reprodui[t] ces requêtes salaces comme s’il s’agissait de fantasmes de l’auteur du blog », je me suis basée sur une lecture très légèrement fausse du passage original. En effet, l’article faisait référence aux « lecteurs » (du blog)—ce qui était faux aussi, car il s’agissait tout bêtement d’internautes à la recherche de sites « cul ». Ben, j’étais pas la seule à faire le raccourci (voir la collection des réactions chez Laurent), et pour une phrase tellement bâclée, je parie que le lecteur lambda du journal a retenu que Garfieldd se plaisait dans l’évocation de choses sexuelles bizarres.
Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? J’admets que j’ai toujours un arrière-goût pas tout à fait agréable dans la bouche, un sentiment de déception. Parce ce c’était seulement il y a quelques jours que Libération s’est brûlé les doigts avec une citation tronquée, et ainsi prêta à Hugo Chavez des propos antisémites qu’il n’a pas tenu. Tiens, Daniel Schneiderman explique cela très bien, et pour des extraits plus étendus, voir chez Jean-Luc Mélanchon (faut faire défiler un peu). Je tiens à préciser que je suis loin d’être une fana de Chavez, qu’il se peut qu’il est peut-être autrement antisémite (ou non !), et que j’ai également des critiques dures à formuler à l’égard de M. Mélanchon—l’enjeu n’est pas là : mon propos est tout simplement que je fais partie des gens potentiellement intéressés par un quotidien de gauche de qualité ; et que ce genre d’expériences me fait perdre la confiance dans la justesse journalistique de base de Libé.
Bon, dans le cas qui nous intéresse, espérons que certains ont appris quelque chose. Des truc simples, comme par exemple, quand l’on cite des passages basés sur des requêtes Google, faut expliquer aux lecteurs ce que c’est. Faut voir le côté positif de l’affaire.
Le canard enchainé, qui n’est certes pas disponible sur le web, n’avait pas oublié d’épingler libé pour l’extrapolation des paroles “antisémites” de Chavez, tout en soulignant que la formulation employée pouvait prêter à confusion, notamment lorsque le même Chavez s’apprête à recevoir le président Iranien, ouvertement antisémite, lui.
Ce qui devient inquiètant dans cette affaire c’est que la discrète pression des blogueurs sur la presse a conduit celle-ci à révéler le lieux de travail de ce proviseur, ce qu’il avait lui même soigneusement évité de préciser jusqu’ici… Cela devra-t’il lui porter à nouveau tort?...