Affligeant.
C’est avec stupéfaction que j’apprends via Pascal1 de chez Finis Africae que le proviseur de lycée qu’on savait en délicatesse avec son hiérarchie à cause de son blog a été révoqué par l’Éducation nationale.
La suppression du blog—je n’en savais pas plus que cela—pouvait encore être mis sur le compte d’un inspecteur académique particulièrement con, étriqué, dictatorial et… homophobe. Car le blog en question avait bien entendu rien de «pornographique et obscène». Au contraire, c’est en parlant ici et là de de la vie quotidienne d’un proviseur qu’il rendait service à l’institution.
Mais on a le droit de ne pas aimer : je suis atterrée par l’absence d’égard pour la liberté d’expression, les libertés tout court, qu’une telle action inique laisse apparaître.
J’ai moi-même passé deux années bien malheureuses à l’Éducation nationale, après avoir franchi—très honorablement, j’en étais la première surprise—l’obstacle du CAPES d’anglais. J’en parle pas beaucoup, même pas en privé, car la blessure fait encore mal, et je suis toujours encline à chercher les fautes, les raisons de mes déboires, chez moi-même. Mais le moins qu’on puisse dire c’est que les personnes dont je dépendais se foutaient royalement de ce que je devenais. J’avais des illusions, que mon manque d’expérience avec le système français et les approches pédagogiques à la mode (bien douteuses : je peux le dire en clair maintenant) serait contre-balancé par mon profil atypique ; que j’aurais, même de leur point de vue, peut-être, quelque chose à apporter aux élèves. Mais non—je ne suis pas quelqu’un qui se prête facilement au formatage, et tout compte fait, c’était la seule chose qui comptait.
Maintenant, mes sympathies et pensées vont vers celui qui a subi une sanction qu’on croirait réservée à ceux qui ont nui à quelqu’un—et qui, en vérité, ne vont qu’être mutés d’établissement en établissement jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’âge de la retraite.
[Vous constatez que ni son nom, ni des URLs vers les archives des ses articles, figurent dans ce billet : il semble que ce soit son choix de rester discret. Or, si je peux me le permettre, ce cas me paraît l’un de ceux qui gagneraient à être portés sur le devant de la scène. D’ailleurs, selon Laurent, Europe 1 en a parlé...]
M-à-j : Laurent a ajouté un lien vers une dépêche AP. G….... est donc nommé sur la place publique :
Le 9 décembre, la commission administrative paritaire nationale, réunie en formation disciplinaire, avait peu apprécié que M. C….. affiche son homosexualité sur Internet. “Cette attitude a été jugée incompatible avec l’image et le comportement que se doit de respecter tout personnel de direction”, selon un membre du SNPDEN.
Je suis folle de rage en lisant cela. Combien de blogueurs affichent leur hétérosexualité sur Internet sans que personne ne s’en offusque ?!
1 Qui est aussi brillant et sympathique en vrai que sur son blog. Je m’excuse pour l’absence de compte-rendu du dernier Paris Carnet…
Je suis d’accord avec ta parenthèse, masi évidemment, le principal intéressé est seul juge et connaît beaucoup mieux l’institution dont il dépend que nous. Mais quand même ! Une telle censure, en 2024, àa mériterait une belle hurlante !